le chant

« Libérer, épanouir, respecter la vie tout en inculquant les techniques » Maurice Martenot

Chanter ? Pourquoi ?

Observez un enfant chanter. Écoutez de tous vos yeux. Il chante « de toute son âme ». Celle-ci est pleine d’aspirations inconnues, de joies, mais aussi de souffrances enfouies capables de perturber parfois une vie entière. L’art -et particulièrement la musique- est un remède à ces maux. L’art est libérateur de l’expression et de l’épanouissement auquel tend toute l’éducation, il demande la manifestation de l’être tout entier.

Nous remarquons que les élèves chantent en écrivant, en jouant dans la cour, en voyageant : le chant et la vie s’alimentent mutuellement.

Un jour, j’analysais une phrase que les enfants devaient comprendre pour la mémoriser.
Un élève : « Eh ! mais c’est un cours de grammaire là ! » Non ! mais la grammaire, comme les mathématiques ou l’histoire, sont très nécessaires à la classe de chant. Les enfants y sont dans un environnement ludique qui leur permet d’effectuer la synthèse de ce qu’ils ont appris.

« L’enseignement d’un art implique la pédagogie du bonheur » Georges Bonnet

Ici, les élèves éprouvent la nécessité de se recueillir avant de « se lancer » et en apprennent les moyens (posture, respiration, audition intérieure). Ils apprivoisent le silence pour découvrir « ce qu’il recèle» ( le chant d’un oiseau, le murmure du vent, ou celui d’un chant pianissimo). Ils apprennent à commencer et terminer ensemble. Cet exercice est pratiqué dès la maternelle et favorise une écoute intelligente et active. « Ils sont bien rares ceux qui ne dépassent pas la peur du regard des autres et ne « se battent » pas pour tenter de chanter seul au moins une phrase. En apprenant à oser ils font preuve d’indulgence envers eux-mêmes et envers les autres. Ils admirent les efforts de chacun. Applaudissements spontanés. Critiques encourageantes. Que manque-t-il lorsqu’un enfant a fait de son mieux ? Par l’écoute patiente et méthodique, il prend confiance en lui.

Cette communion musicale passe la porte de la salle des professeurs, et franchit celles de l’école : les enfants partagent un chant avec des amis, des cousins, de la famille. Ils chantent à la messe, offrent deux auditions aux parents, et visitent régulièrement une maison de retraite où la vitalité des enfants est source d’espérance ; leur chant est une prière.

« La joie annonce toujours que la vie a réussi, qu’elle a gagné du terrain, qu’elle a remporté une victoire. Partout où il y a la joie, il y a création ; plus riche est la création plus profonde est la joie. » Bergson

Un beau chant, c’est un dessin sonore. Folklore français et d’autres pays, musique religieuse, chant grégorien. Les enfants ont un répertoire assez varié. Passage obligé par la comptine (mille fois répétée) car elle est structurante pour le débutant. Nous abordons aussi quelques classiques assez difficiles pour des écoliers (Ave verum de Mozart, par exemple).

Les enfants se familiarisent avec le fait d’être enregistrés, ils s’approprient peu à peu les contraintes de cet exercice et en ont déjà cueilli le fruit (deux Cds). Ils sont fiers de chanter « dans toutes les langues ».

Est-il urgent d’éduquer la sensibilité des enfants ? Oui, et chanter tisse l’harmonie de la raison, du cœur et de la sensibilité. C’est une grâce à offrir à toute âme d’écolier.